Muriel TRAVEL
LES RHÔNELÉZIENS
Muriel TRAVEL, pleins gaz la gazelle ! (25/02/23)
Sur la ligne de départ
Ce ne sont pas encore les dunes du désert marocain, mais quand on la rencontre, dans son garage, à 15 jours du départ du rallye Aïcha des Gazelles, Muriel Travel est déjà à fond de cinquième. La faute à un embrayage qu’il a fallu changer dans les derniers jours de préparatifs de la voiture.
Ni une ni deux, heureusement, le réseau s’est activé pour expédier rapidement la pièce de remplacement, les deux mécanos, dont le conjoint de Muriel, n’ont plus qu’à s’activer. Le temps pour la pilote de l’équipage 217 de se raconter un peu. « Dans quel état je suis ? Hyper stressée ».
Une course solidaire et responsable
C’est vrai que la course qui l’attend n’a rien d’une balade de santé : 6 étapes, deux « marathon », sans aucun moyen de communication électronique. Les réveils à 5h du matin, 10 à 12h de conduite par jour, une carte, une règle, une boussole, des coordonnées géographiques et le défi de rallier l’arrivée en trouvant le parcours le plus court, entre les contrôles de passage et les difficultés naturelles du terrain. Une course où la vitesse n’est pas prise en compte, puisque l’équipage gagnant est celui qui réalise le plus faible kilométrage : c’est la particularité du rallye Aïcha des Gazelles, basé sur la navigation à l’ancienne.
A telle enseigne que Muriel, d’ailleurs, évoque une « course d’orientation » et vante avant tout le rôle de Karine Luong, sa coéquipière, navigatrice et amie. « Si je suis angoissée, c’est parce que je dois me prouver à moi-même que je peux le faire, mais c’est aussi parce que je veux faire plaisir à Karine. »
le coeur des femmes
Si Karine, l’infirmière paloise, a déjà couru la 30ème édition de ce rallye, pour Muriel ce sera une première. Cela dit, la Bollénoise d’adoption, qui a quitté Toulouse par amour voici bientôt deux ans, n’est pas une novice des rallyes. Elle compte même plusieurs participations à des rallyes raids féminins au Maroc ou en Argentine – elle s’y est d’ailleurs fait une solide bande de copines, auto-baptisées « les Canettes », éparpillées dans toute la France mais toujours à l’affut de la prochaine aventure, pour peu qu’il y ait des moteurs et du soleil. Et du cœur, comme c’est le cas avec ce rallye des Gazelles : à l’organisation de la course est adossée l’association Cœur de Gazelles. Une action solidaire qui organise par exemple plus de 90 000 consultations médicales au Maroc, en marge de la course, ou répartit aux populations dans le besoin les dons récoltés en France, notamment par les coureuses.
Gestionnaire de patrimoine dans le civil, Muriel est aussi, et de plus en plus, organisatrice de raids, avec son Bollénois de compagnon, Pierry Di Dio. C’est avec lui (et les fameuses copines) qu’elle s’est aguerrie, au fil des stages de conduite sur ces dunes et terrains accidentés qu’elle commence à connaître sur le bout des jantes. Pas suffisamment, toutefois, pour calmer ce stress qu’elle trompe en faisant et refaisant son sac de départ, en vérifiant les documents obligatoires (« en triple exemplaire, on ne sait jamais ! ») ou en s’entrainant à remonter une tente toujours récalcitrante.
Travel, un nom prédestiné
Retrouver Muriel Travel, à 54 ans, courir les dunes au milieu des chameaux n’avait pourtant rien d’une évidence, au départ. Elle raconte facilement, et avec un peu d’ironie, cette première vie confortable à Toulouse, d’abord travaillant avec sa mère dans le matériel médical avant de rejoindre son premier mari pour créer deux garages. Mais à 40 ans (« la volonté de sortir de ma zone de confort, sans doute »), c’est la découverte des rallyes qui va changer sa vie. S’ensuit un divorce, la reprise des études pour devenir gestionnaire de patrimoine et désormais une passion qu’elle partage au quotidien avec Pierry.
Et Muriel de sourire de l’image que l’on peut parfois avoir de ces gazelles qui s’aventurent sur le rallye, des petites bourgeoises en mal de sensations fortes. Mais pour l’avoir déjà vécu, Muriel le sait : dès les premiers kilomètres, le vernis s’écaille, les jours s’enchainent, épuisants, la difficulté du parcours n’a d’égal que la beauté majestueuse des paysages. Alors bourgeoise, on ne sait pas, mais bohème, sûrement.
Le 2 mars à 9h, Muriel et Karine prendront le départ depuis le parvis de la mairie de Bollène, avant de rejoindre Nice, lieu du départ officiel du rallye, puis le Maroc. N’hésitez pas à venir nombreux leur souhaiter bonne route. Vous les reconnaitrez facilement, deux bouts de femmes énergiques qui ont décidé de vivre leur rêve. Et si vous avez un doute, cherchez le 4×4 Toyota HDJ80 aux jantes roses. Comme le dit Muriel en riant, « on assume d’être un peu fifilles ».